Assistance médicale à la procréation, fin de vie, neurosciences ou encore médecine prédictive… tous ces domaines ont en commun d’être au cœur des questions actuelles soulevées par la bioéthique. Mais qu’est-ce que la bioéthique exactement ?
Une approche multidisciplinaire
La bioéthique est une réflexion sur les progrès de la recherche dans les domaines de la biologie, de la médecine et de la santé. Ce néologisme né dans les années 1970 regroupe ainsi les questions éthiques, ou morales, posées par ces avancées technologiques ou scientifiques, et l’impact qu’elles peuvent avoir sur l’être humain. Cela va de la relation médecin-patient aux questions plus vastes posées par la santé publique et les sciences humaines, ainsi qu'aux problèmes écologiques tels que le changement climatique. Il s’agit ainsi d’un travail commun à la croisée de plusieurs disciplines : science, philosophie, droit, médecine.
Science : du mot scio en latin ayant 2
Une réflexion aux enjeux complexes
Si la réflexion à laquelle nous invite la bioéthique dépasse largement le seul champ de la science, c’est parce que les découvertes scientifiques qu’elle interroge peuvent, par leurs usages, remodeler en profondeur notre société voire notre définition de l’individu. La bioéthique appelle notamment à réfléchir aux « dérives » éventuelles que peuvent engendrer de tels progrès, dans la recherche, dans l’application d’un traitement ou d’une technique de soin à des fins non-médicales… et, de ce fait, elle appelle à réfléchir aux limites à poser pour éviter que l’Homme ne nuise à son semblable.
« La bioéthique, pour quoi faire ? Pour réfléchir ensemble, prendre du champ, du temps, jeter le doute dans la mare de nos certitudes, ne jamais oublier l’autre, l’humain, caché derrière le mirage technologique ou la force du désir. »
— Jacqueline Mandelbaum, La bioéthique, pour quoi faire ?, « Le CCNE : un lieu de libre parole », p. 82
Un pont entre la recherche, la médecine et la société
L’augmentation des « possibles » que nous offre la science engage chacun à s’interroger sur ce qui lui semble souhaitable et c’est pourquoi la question du monde que nous voulons avoir pour demain est une question fondamentale pour la bioéthique. Il est donc très important d'avoir une pluralité de points de vue sur le monde pour décider, ensemble, ce qui nous semble juste.
C’est justement ce que proposent de faire les Etats généraux de la bioéthique, qui se tiennent sous la conduite du Conseil consultatif national d’éthique (CCNE), de janvier à fin avril 2018. Le CCNE a souhaité consulter aussi largement que possible la société civile. Ces Etats généraux associeront côte à côte le grand public, les experts, les représentants d’associations et de courant de pensée… et donneront lieu à un rapport de synthèse réalisé par le CCNE. Celui-ci a pour objectif d’éclairer le Parlement avant la révision de la loi de bioéthique.